« Il est probable que si le Tilleul (arbre de la Liberté et de la Justice) revît, la Chapelle revivra ! La nature est miraculeuse, quand les hommes sont sages… Le résonnement des cloches est intensifié aux abords des forêts… »
"Dans le clocher de mon village Il est un sonore instrument, Que j'écoutais dans mon jeune âge Comme une voix du firmament. Quand, après une longue absence, Je revenais au toit natal, J'épiais dans l'air à distance, Les doux sons du pieux métal. Dans sa voix je croyais entendre La voix joyeuse du vallon ; La voix d'une sœur douce et tendre, D'une mère émue à mon nom ! Maintenant quand j'entends encore Ses sourds tintemens sur les flots, Chaque coup du battant sonore Me semble jeter des sanglots. Pourquoi ? Dans la tour isolée C'est le même timbre argentin ; Le même hymne sur la vallée, Le même salut au matin ! Ah ! c'est que depuis le baptême La cloche au triste tintement A tant sonné pour ceux que j'aime L'agonie et l'enterrement ! C'est qu'au lieu des jeunes prières Ou du Te Deum triomphant, Il fait vibrer les froides pierres De ma mère et de mon enfant ! Ainsi quand ta voix si connue Revint hier me visiter, Je crus que du haut de la nue L'ancienne joie allait chanter. Mais, hélas ! du divin volume Où tes doux chants m'étaient ouverts Je ne sais quel flot d'amertume Coulait en moi dans chaque vers ! C'est toujours le même génie, La même âme, instrument humain ; Mais avec la même harmonie, Comme tout pleure sous ta main ! Ah ! pauvre mère ! Ah ! pauvre femme ! On ne trompe pas le malheur ; Les vers sont le timbre de l'âme ; La voix se brise avec le cœur. Toujours au sort le chant s'accorde. Tu veux sourire en vain ; je voi Une larme sur chaque corde Et des frissons sur chaque doigt. A ces vains jeux de l'harmonie Disons ensemble un long adieu. Pour sécher les pleurs du génie Que peut la lyre ? Il faut un Dieu."
Un poème de Lamartine « La cloche de mon village ».
Ce poème nous a été adressé par Monsieur Yvan Lorrain lors d’une visite à la Chapelle l’été dernier.